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La balançoire
21 mars 2018

Commentaires journalistiques

Le présentateur d’un journal télévisé donne son avis en glissant volontairement un adverbe dans la relation des faits et leur mise en contexte : « Un petit mot de politique à ce stade du journal. On est à juste 60 jours du premier tour de l’élection présidentielle donc, c’est imminent l’élection présidentielle et, pourtant, ce matin, encore une opération de police contre le Front national. Le garde du corps et la cheffe de cabinet de Marine Le Pen sont entendus par des policiers sous le régime de la garde à vue, nous dit une dépêche de l’AFP, dans le cadre de soupçons d’emplois fictifs au parlement européen. Madame Le Pen a aussitôt dénoncé une cabale politique ». Le « pourtant » vaut un éditorial. Un autre jour le commentaire des images d’une manifestation contre la réforme du code du travail indiquera « comme à l’habitude beaucoup de retraités dans le cortège de la CGT ». Le « comme à l’habitude » vaut aussi un éditorial. Un autre journaliste interroge en novembre un ancien ministre sur des prières organisées dans la rue, en parlant de « musulmans qui prient chaque jour dans les rues ». Le « chaque jour » est une inexactitude qui dramatise à l’excès : les manifestations en question n’ont été organisées que le vendredi, jour traditionnel de la prière pour les musulmans. Le commentaire se cache parfois dans les questions. Relance d’une journaliste dans le débat des « Primaires de gauche » du 12 janvier à l’adresse d’un des candidats qui veut regrouper les aides sociales en une seule : « Vous le savez. Ça veut dire que ce sont les classes moyennes qui en paieront le prix... ». Ce n’est pas une question, mais l’affirmation d’une « évidence partagée » introduite par l’expression « vous le savez » et l’utilisation de la forme affirmative pour citer une hypothèse. La même relance aurait pu être : « Que dites-vous à ceux qui pensent que ce sont les classes moyennes qui en paieront le prix ? ». Dans cette formulation, la journaliste n’aurait affirmé ou laissé croire ni conviction personnelle ni connivence et la forme interrogative aurait permis une réponse plus directe. Bref, le public aurait été mieux informé. Autre question « commentaire », celle qui interroge sur les conséquences d’un programme économique mais dont l’argumentaire ignore délibérément les règles fiscales existantes sur l’achat des voitures à l’étranger pour affirmer la nocivité d’une disposition de ce projet. Ce genre de présentation erronée, volontairement ou non, nourrit l’accusation de parti pris portée contre les journalistes.

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